Premières amours d’une poète
Compte rendu par Alain Cochard pour Concert Classic.
Photo Julien Benhamou.
Extrait :
« Nulle surprise donc à ce qu’Arielle Beck se soit tournée vers ses premières amours musicales au moment de concevoir son premier enregistrement, disponible depuis peu (Mirare), en plaçant rien moins que la Grande Humoresque op. 20 de l’Allemand en ouverture d’un programme intitulé « Des lunes et des feux ». Une interprétation qui vous happe par son lyrisme entêtant et son incroyable foisonnement polyphonique. Vieille connaissance pour une toute jeune interprète que l’auteur des Davidsbündlertänze, souvent réduit de manière sommaire à l’opposition Eusébius/Florestan. Dans le livret qui accompagne son album, Arielle Beck insiste sur les interactions et la fluidité entre ces deux pôles, entre mélancolie et flamme, intériorité et élan, tristesse et joie. On l’écoute : elle ressent en profondeur la complexité, les ambiguïtés de l’inspiration schumanienne et parvient à les traduire avec spontanéité et naturel. Pas d’idées simplistes, ni de contrastes caricaturaux, mais une simplicité de ton et une subtilité qui signalent un tempérament poétique hors du commun.
Les Klavierstücke op. 76 ne convainquent pas moins. Ce Brahms « Nel mezzo del cammin » offre une cyclothymie musicale très proche de l’esprit schumanien ; Arielle Beck l’explore d’humaine et pénétrante façon, avec une palette de couleurs toujours accordée à l’humeur du moment. »
« Coup d’essai, coup de maître que cet album. Il rend d’autant plus impatient de retrouver Arielle Beck pour son premier récital au théâtre des Champs-Elysées, le dimanche 12 octobre. On ne s’étonnera guère de la voir plonger dans la vaste et tumultueuse Sonate n° 1 de Schumann pour commencer, avant d’apprivoiser le lyrisme et les secrets la Sonate en la mineur D. 784 de Schubert. Le Variations sérieusesde Mendelssohn concluront ; une partition qui accompagne la pianiste depuis très longtemps et qui, avoue-t-elle, « a été à l’origine de son goût pour les cycles. » »