Fulgurance, incandescence et élégance
Recension de la 25e édition du festival des Solistes à l’Orangerie d’Auteuil (ResMusica).
Extrait : « C’est cette jeune musicienne qui du haut de ses seize ans ouvre le festival. Lorsqu’elle approche le piano, sa silhouette de brindille ne laisse rien présumer de ce que l’on va entendre : tout impressionne, à commencer par le son et sa qualité, sa chaleureuse rondeur que l’on remarque dès les premières mesures de la Sonate n°1 en fa dièse mineur op. 11 de Robert Schumann. Encore élève de Claire Désert au CNSMDP, elle s’empare de cette œuvre avec une maturité, une profondeur, une densité expressive qui forcent d’admiration, et un sens du discours et de la construction déjà très abouti. Son jeu est à la fois pensé et habité, vécu avec sincérité, sérieux. Et comme elle sait écouter les silences, respirer, créer les ruptures entre les tempi fantasques de cette œuvre sans perdre de vue sa nécessaire fluidité ! Ses Variations sur un thème de Schumann, conçues comme une “improvisation écrite” comme elle s’en explique, démontrent une grande habilité dans le maniement du contrepoint, l’utilisation des frottements harmoniques, ainsi que sa capacité à transformer le thème avec inventivité, créant une atmosphère très personnelle et souvent onirique. Quant à la musique de Félix Mendelssohn, elle lui va comme un gant. D’abord parce qu’elle possède cette technique digitale claire et sûre qui lui permet de se jouer avec la plus grande facilité de la virtuosité des Variations sérieuses, puis en bis du Rondo capriccioso, mais aussi parce que sa virtuosité n’a jamais rien de froid : elle ne s’interdit pas la fulgurance, l’incandescence, pas plus qu’elle n’oublie la suprême élégance de l’écriture mendelssohnienne. »