Entretien avec Tedi Papavrami, directeur artistique des Variations Musicales de Tannay.
Auteur/autrice : Arielle Beck
Ni âge ni genre : la marque des grands
La recension 5***** d’Alain Lompech, « Du piano à bretelles de Félicien Brut au Steinway d’Arielle Beck, la magie d’Angers Pianopolis », Bachtrack.
Photo © Jérémy Fiori.
Extrait : « … un récital que l’on n’est pas près d’oublier. La « petite » Arielle Beck entendue il y a trois ans à Chantilly a aujourd’hui 16 ans, passe son bac et travaille dans la classe de Claire Désert, au Conservatoire de Paris. Programme sans entracte : Suite anglaise n° 2 de Bach, Sonate en la mineur D. 784 de Schubert et Sonate n° 1 de Schumann. Elle est folle, se dit-on. Eh bien non. Une grande pianiste est là. Une intelligence, un sens des proportions et des équilibres parfaits, une pulsation solide et souple nous vaut un Bach qui se libère à mesure qu’il avance dans une dramaturgie qui réussit à intégrer les danses en un tout irrésistible.
Schubert ? Pareille énergie mentale, adoucie par l’allure moins formelle de la composition, plus balancée entre l’instant et son inscription dans le temps poétique émeut. Et comment une si jeune femme a-t-elle cette autorité naturelle, ce sens du récit et du mystère que la longue sonate de Schumann met à l’épreuve en permanence ? C’est la marque des grands et ils n’ont ni âge ni genre. Le style intimidant d’Arielle Beck a beaucoup à voir avec celui de Virsaladze entendue la veille : la musique et sa présentation au public sont une chose très sérieuse qui fuit la joliesse.La virtuosité de Beck lui permet de jouer sans aucune entrave et sa culture du son est d’une vétérane. Le premier mouvement est complexe, plein de sursauts inopinés. Le dernier est harassant pour la mémoire et pour l’imagination du pianiste confronté à tant de redites. Beck est présente en chaque note, à travers un jeu dense, charnu, puissant, organique et libre, fluide et charpenté qui respire large et la conduit au triomphe. La musique passe en un éclair. En bis, les Variations sérieuses de Mendelssohn nous épargnent les bluettes et ce choix en dit long sur la conscience d’une musicienne qui est aussi une virtuose grisante, capable d’emportements fulgurants qui font sortir du cadre. C’est aussi là le signe d’une voix singulière. »
Vers le firmament des grands
Recension du concert du 18 mai 2025 au Teatro de Fernando / Círculo de Bellas Artes à Madrid, par Alessandro Pierozzi : « “Joventud, divino tesoro” (Rubén Darío, 1905) », Notas a Medio Tono.
Photo © Nacho Martin.
Traduction en français :
« Jeunesse, trésor divin » (Rubén Darío, 1905).
Quelques jours après la présentation de ce qui sera la VIIᵉ saison 2025-2026 du Círculo de Cámara, sous le titre évocateur de “Musique pour un centenaire”, une jeune artiste précoce faisait ses débuts devant le public madrilène : Arielle Beck, pianiste française de 16 ans. La longue file d’attente pour entrer dans la salle, les groupes de spectateurs chuchotant avec un mélange d’anticipation et d’étonnement à propos de la manière dont une jeune demoiselle allait affronter un programme parmi les plus exigeants – Bach, Schubert, Schumann et Mendelssohn – annonçaient déjà qu’un moment particulier allait se vivre en ce jour enfin printanier à Madrid. Ce sont ces instants qui poussent à se dire : “Elle est née pour ça”, ou “Ce n’est peut-être pas si extraordinaire, non ?”, ou encore “Quelle folie… elle doit étudier 20 heures par jour, sans penser à autre chose qu’au clavier”, ou “Et l’école, les amis ?”, ou bien “Jeunesse, trésor divin”, comme dans le poème Chants de vie et d’espoir de Rubén Darío. Mille pensées qui ont sans doute traversé l’esprit de chaque spectateur, dans l’attente de voir apparaître l’interprète depuis le côté de la scène, avançant d’un pas assuré, avec concentration, et un sérieux quasi mystique.
Et tel fut ce concert. Un concert du XXIᵉ siècle pour des musiques intemporelles, “éternelles”. Sans hésitations, d’une conception très personnelle, sans pause – bien qu’un entracte fût prévu –, respectueux et minutieux dans l’analyse des partitions pour nous transmettre leur véritable message, enraciné dans le plus pur style de l’école d’Europe centrale.
Enveloppée dans une énorme chevelure bouclée qui semblait vouloir cacher une timidité un peu fuyante (ce qui est normal à son âge), ses mains et sa posture révèlent immédiatement qu’il y avait là, assis, un talent inné. Elle attaqua la Deuxième Suite anglaise de Bach avec détermination, assurance dans les ornements baroques (Sarabande), clarté dans les voix des fugues rendant le contrepoint et les harmonies précis et magnifiques. La Sonate n° 14 D 784 de Schubert appartient à une période où le compositeur affrontait la maladie irréversible qui allait l’emporter prématurément. Permettez-moi une incise : Franz Schubert fait partie de ces musiciens qui, si la mort ne s’était pas imposée aussi brutalement, aurait peut-être été le plus grand de tous. L’œuvre présente les difficultés caractéristiques des sonates du compositeur autrichien : l’intimisme de mélodies uniques, le contraste avec des passages rythmiques très personnels, des exemples de transition nostalgique entre l’instant présent (l’ici et maintenant) et l’au-delà (le futur), entre la lumière (l’espoir) et l’obscurité de la maladie qui le consumait (l’adieu). Une exigence technique loin d’être négligeable et des sonorités nécessitant un grand contrôle du doigté et de la pédale pour trouver les nuances (que la pianiste française n’a pas entièrement atteintes) – c’est là qu’on a perçu les points de « coutures » qui parfois manquaient de matière dans certains passages (ce qui est parfaitement normal et pardonnable), cette adhésion au piano pour que l’attaque et le poids du toucher aillent chercher le dernier souffle de la corde – mais qui ont montré que, dans l’ombre, le travail d’Arielle Beck est immense et exceptionnel.
La soirée s’est poursuivie crescendo. Comme si elle avait planifié une feuille de route vers une arrivée réussie, elle s’attaqua à un autre morceau redoutable : la Sonate n° 1 de Schumann. Dès l’allegro initial, on entre dans une œuvre mêlant l’intimité amoureuse de la jeunesse à la technique affirmée et à la structure du Schumann plus mûr. Elle a montré de l’intensité dans les accords, de l’agilité dans les gammes et les sauts, un tempo juste en accord avec les variations rythmiques de la partition : du fandango aux staccatos finaux, en passant par le scherzo intermédiaire. Les contrastes entre pauses et sensibilité dans les passages les plus intimes – rappelons qu’il s’agit d’une œuvre dédiée à Clara Schumann – furent également remarquables.
Le point culminant arriva avec les Variations sérieuses en ré mineur de Félix Mendelssohn, une œuvre surprenante et rarement jouée en concert en raison de son caractère indéfini : d’arôme romantique, mais profondément inspirée par le baroque de Bach. La jeune pianiste s’appropria la partition, naviguant parfaitement entre ces deux sphères, ces deux ambiances formelles. Malgré l’effort conséquent déjà fourni avec les œuvres précédentes, elle continua – plus encore – complètement absorbée par le clavier et l’interprétation. Elle semblait s’en délecter, cherchant à monter d’un cran à chaque variation, comme si elle ne voulait jamais que cela s’arrête. Et nous avons apprécié, comme si nous voulions que le concert ne finisse jamais.
Ces phénomènes ont toujours existé, et “ils existent encore”. C’est pourquoi il faut les analyser, les accompagner et les admirer avec la prudence nécessaire et les pieds (et les mains) bien ancrés dans le sol. Une tête aussi brillante, des mains prodigieuses et une personnalité aussi jeune que mature ne doivent pas se perdre au cours de leur précieuse évolution, car nous nous souviendrions alors d’un talent sans égal qui se serait égaré en chemin. Et, malheureusement, l’histoire en offre bien des exemples. Mais d’après ce que nous avons vu à Madrid, rien ni personne ne semble en mesure de la détourner de la bonne voie dans son ascension vers le firmament des grands. Bienvenue au piano du XXIᵉ siècle.
Alessandro Pierozzi »
Une pianiste accomplie
Recension du concert du 18 mai 2025 au Teatro de Fernando / Circulo de Bellas Artes à Madrid, par Tomás Marco : « Madrid : La precoz madurez de Arielle Beck », Scherzo.
Photo © Nacho Martin.
Traduction en français :
« La maturité précoce d’Arielle Beck
Jouer du piano exige d’abord une maîtrise technique extraordinaire qui n’est pas à la portée de tous ceux qui l’étudient. Interpréter au piano est encore plus difficile, car cela demande une connaissance approfondie des styles, des techniques et des expressions qui requièrent une maturité qui ne vient pas uniquement avec les années. C’est pourquoi beaucoup de pianistes ayant une carrière précoce s’égarent en chemin, ce qui ne semble pas être le cas de la Parisienne Arielle Beck qui, à quinze ans tout proches des seize, affiche déjà une carrière jalonnée de prix importants et de prestations dans des lieux de premier ordre.
Sa présentation à Madrid a eu lieu dans le cadre du cycle Círculo de Cámara du Círculo de Bellas Artes, dirigé avec le talent habituel d’Antonio Moral. Un succès retentissant et mérité avec un programme des plus exigeants.
Elle a débuté avec la Suite anglaise n° 2 en la mineur BWV 807 de Bach, une œuvre qui requiert une technique claire et agile, mais pour laquelle il ne suffit pas de dérouler la mécanique baroque. Il s’agit d’une construction formelle vaste qui repose autant sur le contrepoint que sur l’harmonie. Voix, réponses, cycles structurels, tout doit être exposé avec une clarté extraordinaire tout en restant animé d’une âme expressive. Beck l’a abordée avec une grande noblesse et une perfection où Bach brillait pleinement.
La Sonate n° 14 en la mineur D 784 de Schubert est une œuvre notablement dramatique, composée dans des circonstances difficiles qui transparaissent dans la musique. La pianiste a montré qu’elle était capable de les comprendre et de les exprimer, qu’elle les ait vécues ou non. Elle en a livré une version très remarquable, une œuvre qui impose des exigences techniques mais surtout interprétatives.
À l’opposé, la Sonate n° 1 en fa# mineur op. 11 de Schumann est une pièce imprégnée du sentiment amoureux juvénile que la pianiste a su exprimer avec justesse et avec le degré de virtuosité destiné à la virtuose pour laquelle elle a été écrite, Clara Wieck, future Clara Schumann.
Les Variations sérieuses en ré mineur op. 54 de Mendelssohn font partie de ces œuvres qui, bien qu’appartenant à la période créative la plus aboutie d’un compositeur, sont souvent négligées par les interprètes à cause de leur difficulté. Car bien qu’elles soient imprégnées du romantisme, elles révèlent aussi l’admiration et l’influence profonde de Bach sur Mendelssohn. Ici, il faut bâtir, laisser la structure devenir forme et permettre à cette forme d’exprimer sans décrire, mais avec émotion. Rien de tout cela n’est facile, mais Arielle Beck y est parvenue avec naturel et une grande maîtrise.
De plus, elle a sauté la pause annoncée et a interprété tout le programme d’un seul tenant. Un effort supplémentaire pour l’interprète et pour le public, mais que l’on a apprécié dans cette immersion musicale, sublimée par un bis schubertien.
Un grand succès, amplement mérité. Malgré sa jeunesse, elle est déjà une pianiste accomplie. Il est probable qu’elle interprétera ces œuvres différemment dans quelques années. Mais cela ne signifiera pas qu’elle les jouera mieux, seulement qu’elle aura une autre maturité que celle, déjà brillante, de sa précocité actuelle. Et je doute fort qu’elle fasse partie de ceux qui se perdent en route, car elle a déjà parcouru suffisamment de chemin pour qu’il n’y ait pas de retour possible.
Tomás Marco »
Un talent sublime
Entretien avec Irene Rodriguez pour la revue espagnole Ritmo : « Arielle Beck, un talento sublime ».
Traduction en français :
Arielle Beck : Un talent sublime
Elle vient de fêter ses 16 ans et elle est déjà une concertiste expérimentée, n’hésitant pas à se confronter à des partitions exigeantes avec autorité et maturité. Elle a enregistré son premier disque, qui sera publié en septembre, où figurent des variations qu’elle a composées sur un thème de Robert Schumann.
Née à Paris en 2009, Arielle Beck a étudié avec Igor Lazko et depuis 2023, elle suit des cours avec Claire Désert et Romano Pallottini au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Depuis ses 9 ans, elle a également été guidée par Stephen Kovacevich. En 2018, sa précocité a été couronnée par un Premier Grand Prix au Concours International Chopin Jeune présidé par Martha Argerich et, en 2024, elle a reçu le XXe Prix du Festival de l’Île d’Elbe.
Arielle Beck est une invitée régulière de grands orchestres tels que l’Orchestre de Marseille, l’Orchestre National Montpellier Occitanie, l’Orchestre de Nice, la Filharmonia Opole, l’Orchestre Symphonique du Pays Basque, l’Orchestre National des Pays de la Loire ou la Philharmonique de Tokyo, et a collaboré avec des chefs d’orchestre comme Lionel Bringuier, Lawrence Foster, Claire Gibault, Léo Hussain, Lio Kuokman, Chloé Meyzie, Gilles Millière, Jakub Montewka et Bruno Weil.
Nous avons interviewé la jeune pianiste à l’occasion de son récital le 18 mai dans le Cycle Círculo de Cámara au Círculo de Bellas Artes de Madrid.
J’imagine qu’on vous l’a déjà posé des centaines de fois, mais… pourquoi le piano ?
En réalité, plusieurs facteurs m’ont conduite au piano, mais principalement cet appétit vient de mon grand frère, qui est aussi pianiste. Je l’entendais jouer, il s’entraînait pendant des heures quand j’étais encore un bébé, ce qui a sûrement contribué au développement de mon oreille. J’ai toujours été fascinée par l’idée d’entrer dans le cœur des œuvres qu’il jouait. J’ai des souvenirs très vifs d’œuvres de Beethoven, Chopin ou Prokofiev…
Comment votre famille a-t-elle influencé votre éducation musicale ?
Ma famille n’est pas composée de musiciens, mais ce sont de grands mélomanes. Ma culture de l’écoute, mes choix et mes goûts interprétatifs semblent être essentiellement liés à mes premières expériences auditives, à mes découvertes musicales… Souvent, je sens qu’une partie de ma personnalité (au piano, par exemple, ou lorsque je compose, ou même lorsque j’écoute une œuvre) est un souvenir constant de ma première enfance, marquée en particulier par les nombreux disques que mes parents mettaient partout où nous allions.
Quels souvenirs gardez-vous du piano lorsque vous étiez enfant ?
J’ai peu de souvenirs du piano en soi et de ma relation physique avec lui avant mes sept ans, car ces souvenirs sont plutôt musicaux. Cependant, mes premiers souvenirs pianistiques me touchent beaucoup. Je me souviens du moment où j’ai ressenti l’incroyable pouvoir de faire converger des voix différentes, réparties entre les deux mains, de pouvoir créer différents plans entre elles grâce à la dynamique et à l’articulation. L’indépendance des deux mains est un jalon pianistique que je garde particulièrement en mémoire. Quant aux premiers compositeurs avec lesquels j’ai travaillé, je me souviens de Schumann, je crois, et un peu plus tard de Chopin. Schumann est un compositeur qui a beaucoup écrit pour les enfants et les jeunes. Je ne sais pas si cela a à voir avec l’admiration que j’ai ressentie pour lui très tôt, mais son univers dramatique et onirique m’a fascinée et me fascine toujours. Le piano m’a permis de m’approcher très tôt de la composition et aussi de la musique de chambre.
Comment est votre quotidien entre les études scolaires, le conservatoire et les voyages pour vos concerts ?
Actuellement, je termine ma dernière année scolaire. J’étudie à distance pour préparer le baccalauréat, ce qui me donne beaucoup plus de flexibilité. L’année prochaine, mes routines changeront sûrement. Mais en général, mes journées sont structurées autour des études, de mes cours de musique au conservatoire, de la pratique du piano, de la préparation des concerts si j’ai des voyages…
Vous trouvez-vous encore du temps libre ?
Oui, bien sûr. J’aime lire, composer, dessiner, peindre ou regarder des films. J’essaie de prendre du temps pour nourrir ma curiosité et mes réflexions personnelles. Trouver du temps n’est qu’une question d’organisation !
Vous avez remporté le Premier Prix du Concours International Chopin Jeune en 2018. Cela semble remonter à longtemps, mais cela fait seulement sept ans. Comment vous rappelez-vous ce moment ?
Comme une enfant de neuf ans, je ne me souviens pas avoir vécu ce moment comme une rivalité ou une compétition. J’y allais avec le désir de partager ma manière de ressentir Chopin, purement et simplement. Rencontrer le jury (Martha Argerich, Eva Poblocka, Alexandre Golovine, Akiko Ebi, Magdalena Hirsz et Joanna Maurer-Brezinska) a été un choc… C’était la première fois que je voyais Martha (Argerich).
Martha Argerich a été une personne importante dans votre parcours. Que diriez-vous d’elle ?
Je l’admire autant en tant que femme qu’en tant que grande interprète. Avec elle, la technique est toujours au service de la musique.
Vous faisiez partie de la célébration de ses 80 ans au Château de Chantilly en 2021. Comment s’est passée cette expérience ? À 12 ans, vous étiez aux côtés de grands interprètes comme les violonistes Maxim Vengerov et Gidon Kremer, le pianiste Evgeny Kissin ou le violoncelliste Mischa Maisky…
Ce fut une expérience incroyable au cours de laquelle j’ai rencontré des personnes extraordinaires que j’admire, tant musicalement qu’humainement. Je garde un excellent souvenir d’un moment délicieux où Martha m’a demandée de jouer une composition (en l’occurrence une mazurka) que j’avais écrite pour elle, devant ses amis ; c’était fantastique.
C’est merveilleux… Parlons maintenant de votre facette de compositrice. Qu’est-ce qui vous inspire ?
En réalité, tout ce qui me touche, que ce soit dans le domaine du sensible, presque sensoriel, ou dans le domaine de la pensée. D’une manière ou d’une autre, cela me conduit à composer. Ce premier sentiment ou cette motivation allume une étincelle qui me pousse à commencer une création. Parfois, c’est un compositeur qui m’attire particulièrement à un moment donné, ou une simple découverte musicale. J’ai des carnets dédiés à chacun d’eux. Parfois, les improvisations au piano ou même mes impressions extra-musicales, qui sont parfois de simples états d’âme que je veux explorer musicalement, suffisent pour m’inspirer. Souvent, je pense que certaines émotions n’ont pas vraiment de fonction autre que d’exister… mais elles restent là.
À Madrid, il y a une grande attente de vous recevoir et de vous entendre jouer. Vous serez le 18 mai dans le cycle Círculo de Cámara au Círculo de Bellas Artes de Madrid. Quel programme avez-vous choisi ?
Je suis vraiment excitée et honorée, sincèrement. Cette prochaine expérience est très émouvante, car ce sera mon premier récital à Madrid. Le programme que je vais présenter est composé de quatre œuvres : la Suite anglaise n° 2 de J.-S. Bach, la Sonate n° 14 D 784 de Franz Schubert, la Grande Sonate en fa dièse mineur n° 1 Op. 1 de Robert Schumann et les Variations sérieuses de Felix Mendelssohn. En parlant du programme, pour moi Schubert, le plus romantique des classiques, et Schumann, représentent d’une certaine manière un retour dramatique et émouvant à Bach. Quant à Mendelssohn, il combine la forme classique avec la substance romantique, tout comme Schubert, mais de manière très différente. Schubert et Mendelssohn ont évidemment influencé Schumann, mais ce dernier va au-delà de leur influence, transcendant à la fois la forme et le contenu à travers une écriture capricieuse et poétique. L’expression du sentiment a de multiples voies !
Quels sont vos projets pour la fin de cette année 2025 ?
Cette année est marquée par des engagements tous très importants pour moi. Très bientôt, je jouerai le Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Ravel. Le 4 mai, je serai à la Folle Journée de Tokyo. Plus tard, parmi d’autres événements, je donnerai des récitals à la Grange au Lac d’Évian, à La Roque d’Anthéron et à la Schubertíada de Vilabertran. Après l’été, le 12 octobre, je donnerai un récital au Théâtre des Champs-Élysées et le 28 novembre, je jouerai le Concerto pour piano et orchestre n° 20 de Mozart avec l’Academy of Saint Martin in the Fields à Londres…
… et pour l’automne, nous avons déjà une grande nouvelle, la sortie de son premier disque…
Oui, j’en suis très heureuse. En septembre prochain, mon premier album, Des lunes et des feux, sera mis en vente, produit par le label Mirare. Il inclura l’Humoreske Op. 20 de Schumann, les 8 Klavierstücke Op. 76de Brahms et mes propres Variations sur un thème de R. Schumann.
Ce sont de nombreuses et belles nouvelles. Nous serons attentifs à votre récital de Madrid, merci pour votre temps.
Martha Argerich & Arielle Beck
La pianiste Martha Argerich fut la présidente du jury lors de l’édition 2018 du Concours International Chopin Jeune, lorsque Arielle Beck décrocha le Premier Prix à seulement 9 ans. La grande dame du piano a dit d’Arielle Beck : « Il y a une petite fille française qui est vraiment remarquable. Elle joue magnifiquement, c’est une personne extraordinaire… Une très grande sensibilité. Un talent ! »En 2021, la pianiste Martha Argerich a célébré ses 80 ans avec une série de concerts au Château de Chantilly, en France. Arielle Beck, à seulement 12 ans, fut invitée aux côtés de nombreux des meilleurs interprètes et amis de Martha Argerich, tels que Gidon Kremer, Maxim Vengerov, Mischa Maisky, Evgeny Kissin, Tedi Papavrami…




Mozart & Saint-Saëns, œuvres de jeunesse
Avant-concert à l’Auditorium Henri Grenet, Bayonne. Julie Charles rencontre Chloé Meyzie et Arielle Beck autour du programme du concert « Mozart & Saint-Saëns, œuvres de jeunesse » de l’Orchestre du Pays Basque/ Iparraldeko Orkestra.
Au festival de musique de Menton
L’interview de Marie-Céline. « Quelque chose se passe directement avec la musique, comme si elle avait des choses à me dire, une leçon à me faire », Arielle Beck.
Schumann : entre rêverie et fougue
Jeu élégant, variétés de couleurs, l’émotion présente de la première à la dernière note. Rencontre avec Véronique Boudier à La Roque d’Anthéron (Classykeo).
Avec humour et délicatement fantasque
Récital et concerto de Schumann, aux côtés du chef américain Lawrence Foster et de l’Orchestre Philharmonique de Marseille. Rencontre avec Cécile Balavoine (Transfuge n°179).
Photo © Valentine Chauvin.
Des interprétations claires et étincelantes
Arielle Beck interprète Schumann et Mendelssohn au KKL de Lucerne lors du Festival Le Piano Symphonique. Un concert retransmis en direct sur Medici TV.
Photo © Philipp Schmidli
Programme :
Robert Schumann, Grande Humoresque en si bémol majeur, op. 20
Felix Mendelssohn-Bartholdy, Variations sérieuses, op. 54
Bis : Johannes Brahms, 8 Klavierstücke, Op. 76.5
« Le pré-concert d’Arielle Beck, “découverte de Martha Argerich”, originaire de France, illustre un autre élément clé de la fête. Le jeune pianiste a fêté ses 15 ans vendredi en récital avec des interprétations claires et étincelantes de Schumann (Humoresque) et Mendelssohn (Variations sérieuses) », Diana Sonja Tobler, « Ein Festival wurde geschmiedet », Luzerner Zeitung, 22 janvier 2024.